SOPHIE CONRARD
schreef 26 december 2006 in La Croix
Un bateleur prodigue
Né à Utrecht en 1965, Herman Van Veen est une star dans son pays. Depuis ses débuts sur les planches à vingt ans, il a vendu onze
millions de disques dans le monde. Artiste aux mille visages, il est en tournée avec son spectacle, " Chapeau ".
Coiffé d'une pile de chapeaux haut-de-forme, il jongle, danse, chante, joue du'piano, du violon. .. Pour raconter ses histoires,
tous les moyens sont bons. A 61 ans, Herman Van Veen asigné 130 albums et passe encore la moitié de l'année en tournée. Il parle
cinq langues, "pour pouvoir s'adresser au ;ni public à l'étranger", et touche à tous les arts : "Je suis curieux et j'ai
le sens pratique. Je ne suis pas danseur, mais je danse. Je fais des films parce que personne ne voudrait tourner mes idées à ma place",
explique-t-il - ce qui ne l'empêche pas de décrocher, entre autres, une Caméra d'or et un Ours d'argent à Berlin! Une personnalité hors
norme qu'un professeur a décelée très tôt : " Quand j'avais 9, 10 ans, je sifflais tout le temps. C'était très énervant pour mon entourage,
raconte-t-il.
Un jour, un professeur m'a donné un violon en me demandant de cesser de siffler. Ça a marché. " Mais de toutes
les disciplines, c'est le chant qu'il préfère : " C'est toute ma vie,je dépéris si je ne chante pas. "
La mort de ses parents, il y a quelques années, a déclenché une prise de conscience : "J'étais un chapeau vide, le fruit
d'un processus génétique, mais la relation avec mes parents s'effaçait", explique-t-il, nostalgique. Il a tiré Chapeau de
ses souvenirs, et plus particulièrement celui du couvre-chef de son père. " Un retour sur mon passé, nécessaire pour avancer",
confie Herman Van Veen.
Écrit comme un journal intime, son spectacle accorde une large part à l'improvisation et évolue au fil
des jours et des humeurs. " Dans ce métier, il est vital de rester ouvert et à l'écoute des réactions du public.
Écouter et répondre,
c'est comme cela que l'on écrit une histoire", insiste-t-il, regard bleu perçant à l'appui. Sur scène, " mon personnage touche les
spectateurs parce qu'il est proche d'eux-mêmes", confie cet homme qui, dans ses textes, veille à rester évasif, allusif, pour
accueillir l'imaginaire de son public.
Sorti de scène, Herman Van Veen est un homme de cœur. Ambassadeur de l'Unicef, militant pour les droits des enfants, il a
reçu en 2005 le "Planetary Consciousness Award " - un prix créé par le Club de Budapest, qui récompensa aussi Nelson Mandela,
Michaïl Gorbatchev, Kofi Annan... Modeste, il explique ainsi son engagement : " C'est bête à dire, mais mes parents et professeurs
s'étant bien occupés de moi, j'ai envie aujourd'hui de rendre la pareille. "
SOPHIE CONRARD